Chatbot Waanzilishi

Moussa, bâtisseur de dignité

À Bamako, dans le tumulte des rues où les klaxons se mêlent aux cris des vendeurs ambulants, Moussa faisait partie du décor. À 19 ans, il arpentait les carrefours, un sachet d’eau dans une main, quelques pièces dans l’autre. Il n’avait ni diplôme, ni réseau, ni capital. Ce qu’il avait, c’était une volonté farouche de s’en sortir. Et une idée qui allait tout changer. Moussa observait. Il voyait les jeunes comme lui, livrés à eux-mêmes, exposés à la violence, à la précarité, à l’indifférence. Il voyait leur énergie, leur débrouillardise, leur créativité.

Et il se demandait : pourquoi ne pas transformer cette économie informelle en une force structurée ? Pourquoi ne pas créer une coopérative, un cadre, une dignité ?
Avec quelques amis, il commence à organiser des réunions dans un terrain vague. Ils parlent de prix, de qualité, de sécurité. Ils mutualisent leurs achats, négocient avec les fournisseurs, s’entraident. Très vite, Moussa comprend qu’il faut aller plus loin. Il monte une petite structure, forme les jeunes à la gestion, à la comptabilité, à la communication. Il crée un logo, imprime des t-shirts, développe une application rudimentaire pour suivre les ventes.

Ce n’est pas encore une entreprise — c’est un mouvement. Le bouche-à-oreille fait son œuvre. Des ONG locales s’intéressent à son initiative. Des journalistes viennent le rencontrer. Il est invité à des forums, à des ateliers. Mais Moussa reste fidèle à son terrain. Il refuse de devenir un simple “cas d’école”. Il veut que son modèle soit reproductible, accessible, enraciné. Il commence à travailler avec des femmes vendeuses,
souvent invisibles, souvent exploitées. Il leur propose des formations, des microcrédits, des espaces de vente sécurisés. Il élargit son réseau à d’autres villes, d’autres quartiers.


Aujourd’hui, son entreprise sociale emploie plus de 200 jeunes. Elle a permis à des dizaines de familles de sortir de la précarité. Elle a inspiré des projets similaires au Burkina Faso, au Niger, en Côte d’Ivoire. Mais ce qui frappe chez Moussa, ce n’est pas seulement son impact — c’est sa posture. Il parle avec simplicité, avec feu, avec vérité. Il ne cherche pas à impressionner — il cherche à éveiller. “Je ne suis pas un héros”, dit-il souvent. “Je suis juste quelqu’un qui a décidé de ne pas attendre.”


Son histoire est celle d’un refus : le refus de l’inertie, de la résignation, de l’oubli. C’est aussi celle d’une foi : foi en l’humain, en la capacité de chacun à créer du sens, à bâtir du lien, à transformer le réel. Moussa n’a pas suivi les chemins balisés. Il les a tracés. Et ce faisant, il a ouvert une voie pour des milliers d’autres.
Dans Waanzilishi, il incarne le pionnier du quotidien, le leader de terrain, celui qui prouve que l’entrepreneuriat peut être un acte de justice. Son parcours nous rappelle que l’impact ne se mesure pas seulement en chiffres — mais en vies touchées, en regards relevés, en dignités restaurées.

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