À l’heure où l’intelligence artificielle et la connectivité permanente redéfinissent nos vies,
apprendre à gérer son attention devient un véritable acte de leadership. Entre surcharge
informationnelle, productivité en berne et risques de dépendance numérique, les voix
s’élèvent pour promouvoir une nouvelle compétence clé : la discipline numérique.
Jamais dans l’histoire l’humanité n’a été aussi connectée. Entre notifications incessantes,
messageries instantanées, réseaux sociaux et outils collaboratifs, nous passons en moyenne
6h37 par jour devant nos écrans selon DataReportal 2024. Cette hyperconnexion, stimulée
par l’émergence des outils d’IA générative comme ChatGPT ou MidJourney, amplifie les
interruptions cognitives et fragilise notre capacité de concentration.
Les pionniers d’une hygiène numérique
Parmi les figures influentes, l’auteur et chercheur américain Cal Newport s’est imposé
comme un porte-voix mondial avec son concept de Deep Work. Pour lui, « la productivité ne
vient pas de la connexion permanente, mais de la capacité à se déconnecter et à plonger dans
des tâches exigeantes ». Ses méthodes inspirent aujourd’hui dirigeants, chercheurs et créateurs
à travers le monde.
D’autres acteurs comme Tristan Harris, ancien de Google et fondateur du Center for
Humane Technology, alertent sur l’économie de l’attention orchestrée par les géants du
numérique. Selon lui, les plateformes sont conçues pour capter notre temps de cerveau
disponible, souvent au détriment de notre bien-être.
Ce que pense le reste du monde
En Europe, la France et l’Allemagne expérimentent déjà la “right to disconnect” (droit à la
déconnexion) pour protéger les salariés des emails professionnels en dehors des heures de
travail. Aux États-Unis, plusieurs universités introduisent des modules de digital wellness
pour aider les étudiants à réguler leur usage des écrans. En Asie, le Japon et la Corée du Sud
explorent des applications d’IA dédiées à la gestion du temps et à la lutte contre l’addiction
numérique.Ces initiatives traduisent une prise de conscience mondiale : la discipline numérique n’est
plus un luxe, mais une compétence stratégique.
Et l’Afrique dans tout ça ?
Pour les entrepreneurs africains, cette question est cruciale. Le continent connaît une
croissance explosive de la connectivité (près de 490 millions d’utilisateurs Internet en 2023)
et une jeunesse hyperconnectée via le mobile. Si cette dynamique ouvre des opportunités en
éducation, e-commerce ou fintech, elle expose aussi à une saturation cognitive.
« Maîtriser le numérique ne signifie pas s’y perdre, mais l’utiliser comme levier d’innovation
», insiste la chercheuse camerounaise Rebecca Enonchong, figure de la tech africaine.
Dans un continent où les infrastructures sont encore fragiles, la discipline numérique peut devenir
un atout : mieux gérer le temps, mieux utiliser l’IA, et éviter de reproduire les excès des
sociétés hyperconnectées du Nord.
Perspectives d’avenir
Demain, l’IA pourrait être à la fois la cause et la solution au problème. Des assistants
personnels intelligents sont déjà capables de filtrer les notifications, de prioriser les tâches et
même de programmer des temps de déconnexion. Certains experts imaginent un futur où la
discipline numérique sera intégrée à l’éducation dès le primaire, au même titre que la
lecture ou le calcul.
La bataille de demain ne sera pas seulement technologique, mais cognitive : garder la main
sur notre attention dans un monde saturé de sollicitations. Comme le résume Cal Newport :
« Le futur appartiendra à ceux qui sauront maîtriser leur concentration. »