Prix Nobel de la Paix, pionnière de l’écologie en Afrique, elle a transformé la lutte
environnementale en combat pour la démocratie et l’émancipation des femmes.
Contexte : Née au Kenya en 1940, Wangari Maathai est la première femme d’Afrique de l’Est
et d’Afrique centrale à obtenir un doctorat. Elle grandit dans un pays sous domination
coloniale britannique, puis connaît les défis d’une nation indépendante mais souvent aux
prises avec la corruption et la dégradation environnementale post-coloniale. Dans les années
1970, elle observe les ravages de la déforestation : pénuries d’eau, érosion des sols,
malnutrition, et l’impact disproportionné sur les femmes rurales qui parcourent des kilomètres
pour trouver du bois de chauffage et de l’eau. C’est dans ce contexte de vulnérabilité
écologique et sociale qu’elle fonde le mouvement de la Ceinture Verte (Green Belt
Movement) en 1977.
Vision : Sa vision était holistique et avant-gardiste, articulant le développement,
l’environnement et la démocratie. Elle comprenait que la dégradation de l’environnement était
inextricablement liée à la pauvreté, à l’injustice sociale et au manque de démocratie. Maathai
rêvait d’un Kenya et d’une Afrique où les communautés seraient autonomes, l’environnement
sain, et les femmes pleinement émancipées et respectées, participant activement à la
gouvernance et au développement. Elle a théorisé le concept de « Tree Equity », où planter des
arbres n’est pas seulement un acte écologique, mais un acte de justice sociale et de redonner
du pouvoir aux communautés marginalisées.
Combats : À travers le Green Belt Movement, Wangari Maathai a mobilisé des milliers de
femmes rurales pour planter des millions d’arbres, luttant ainsi contre la déforestation,
l’érosion des sols et pour la sécurité alimentaire. Ce simple acte est devenu un puissant
symbole de résistance civique et de responsabilisation communautaire, car planter des arbres
exigeait de défendre les terres et de s’opposer aux régimes autoritaires qui favorisaient
l’exploitation des ressources au détriment de la population. Elle fut arrêtée, agressée et
vilipendée à plusieurs reprises pour son activisme courageux en faveur de l’environnement,
des droits de l’homme et de la démocratie, notamment contre les projets de construction dans
les forêts publiques et les espaces verts.
Héritage : Wangari Maathai a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2004, devenant la première
femme africaine et la première environnementaliste à être honorée de la sorte, pour sa
« contribution au développement durable, à la démocratie et à la paix ». Son héritage est
immense et continue de s’étendre : des millions d’arbres plantés (plus de 51 millions par le
GBM à ce jour), une sensibilisation mondiale aux liens intrinsèques entre écologie, droits de
l’homme et justice sociale, et un modèle inspirant d’activisme non violent. Le Green Belt
Movement continue son travail au Kenya et a inspiré des initiatives similaires dans d’autres
pays. Elle a démontré que les femmes sont des actrices clés du changement environnemental
et socio-politique, et que la protection de l’environnement est fondamentale pour la dignité
humaine, la paix et la démocratie. Ses idées sont plus pertinentes que jamais face à la crise
climatique et à la quête de modèles de leadership inclusifs.
Citation clé : « Quand nous plantons des arbres, nous plantons les graines de la paix et de
l’espoir. »